De très nombreux auteurs pétrissent leurs œuvres de références, d’allusions ou de citations directes de la Bible. Que nous disent-ils ? Quel regard portent-ils sur la Parole de Dieu ?
"Et toi, […] connais le Dieu de ton père […] Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi." 1 Chroniques 28:9
Écriture.s, c’est le titre de la nouvelle émission de Présence Protestante proposée par Marion Muller-Colard. L’animatrice-auteure-théologienne protestante est partie d’un constat : de nombreux auteurs traitent, dans leurs ouvrages, de sujets, d’histoires ou de thèmes ayant une résonnance avec la Bible.
Réflexe culturel ou volontaire ? Citation prétexte ou accord majeur ? Qu’ils soient chrétiens ou pas, croyants ou pas, la Parole de Dieu ne les a pas laissés indifférents.
Pourquoi cet intérêt ? Qu’en ont-ils fait ? Ont-ils fait montre d’une appétence, d’une distance voire d’une défiance vis-à-vis du texte biblique ? Ce qu’ils ou elles expriment correspond-ils à la façon dont les chrétiens vivent leur foi, ou pas ? Qu’ont-ils cherché, ou trouvé, dans le texte ?
Ces auteurs, Marion Muller-Colard leur écrit et leur propose la rencontre, texte biblique à l’appui, le temps d’une lecture à deux voies et bien sûr d’un échange et d’une confrontation des points de vue.
C’est aussi simple que cela… Sauf que, évidemment, quand Marion part en rencontre, la découverte est toujours vivifiante et intime. Et les versets finissent toujours par faire lien.
À peu de choses près, l’ami Serge chantait :
"Et d’Écriture en écriture.s, bien sûr j'ai d'autres certitudes, j'ai d'autres habitudes mais je te cherche encore…."
C’est cela la quête d’Écriture.s :
"J’ai d’autres certitudes, mais je cherche encore."
Chercher encore. Encore et encore. Ne jamais être le parvenu, celui qui croit tutoyer les sommets célestes juste parce que son galurin a été soufflé par le vent.
"Le vent souffle où il veut" (Jean 3.8)
Accepter l’humilité de la quête, les turbulences des grands espaces, vides et inconnus, et ouvrir les bras pour accueillir l’autre, dans sa parole, dans son verbe, dans son écriture.
Bien sûr, nous avons tous nos armures, nos trahisons, nos mauvaises fois, nos erreurs de vocabulaire, nos mauvaises interprétations, nos mauvaises traductions, nos lourds bagages, bien sûr. Bien sûr nous avons tous nos commencements. Bien sûr…
Ceux qui partent pour ces longs voyages, on les voit, tôt le matin, sur les trottoirs. Ils sont inquiets. Une valise à droite, une autre à gauche, un lourd sac sur le dos pour ne manquer d’aucun bagage. Péleriens, ils attendent le taxi pour l’aéroport. Certains partent en périple vers si loin, que l’idée même d’arrivée, l’idée même qu’une arrivée puisse exister, leur est impensable.
Pendant ce temps, à l’autre bout du voyage, d’autres – On pourrait les appeler les Péletout – ont toujours été si près de la destination paradisiaque, le nez collé sur la beauté des choses, qu’il peinent à la voir. Ceux-là sont des lièvres qui de la course ne pensaient faire qu’un pas.
Ou encore, ils sont des fourmis qui ont toujours cru que la joie et l’émerveillement était pour demain, mais qu’aujourd’hui, surtout, il fallait travailler, prouver. Sur leur petit trajet quotidien, ils ont parfois oublié la promesse :
"Tout ce que j’ai est à toi." (Luc 15.31)
Comme la semeuse, celle qui jadis figurait sur nos pièces de monnaie et qui semait à tout vent, ainsi sont les auteurs-voyageurs : avec foi en leur graine, ils sèment les mots comme autant d’hypothèses. Puis ils attendent la pluie des lecteurs pour que ceux-ci, à leur tour s’emparent de leurs semi-certitudes et les transforment en vérités.
L’amour, la foi et l’écriture ont donc ceci en commun : ils sont une perpétuelle recherche d’équilibre entre l’incertitude du lendemain et la certitude de l’engagement.
La grâce d’une nouvelle vie, de celle qui fait que le grain meurt et germe, ne peut être accordé que si la terre est fertile, nourrit de l’Écriture. Ce geste de semer pour s’aimer, sans garantie, c’est le fil d’Ariane de notre voyage en Écriture.s.
Écriture.s – Le mal, une émission et préparée et présentée par Marion Muller-Colard et réalisée par Denis Cérantola avec Frédérique Leichter-Flack - Professeure des Universités en Littérature et Humanités politiques au Centre d’Histoire de Sciences Po.
Christophe Zimmerlin
Pour voir ou revoir Écriture.s – Le mal – https://www.france.tv/france-2/presence-protestante/ ou suivez Présence Protestante sur Facebook